De 1830 à 1835, Thomas Couture suit l’enseignement du baron Gros. Il intègre par la suite l’atelier de Paul Delaroche. Arrivé second au prix de Rome de 1837, il expose au Salon à partir de 1840. En 1847, son tableau, Les Romains de la Décadence, lui vaut une médaille de première classe. Les critiques y voient une synthèse des styles classique et romantique, un exemple du « juste milieu ». Achetée par l’État, la toile le rend célèbre. Couture reçoit alors de nombreuses commandes officielles, notamment L’Enrôlement des Volontaires en 1848 et Le Baptême du Prince Impérial en 1856 laissées inachevées.
La fin des années 1850 marque un revers majeur dans sa carrière. En 1857, une campagne médiatique remet en cause son intégrité. Mésestimé et déconsidéré, il se retire à Senlis en 1860. Sa ville natale met à sa disposition la chapelle de l’ancien palais épiscopal, qui devient son atelier.
Avant même sa retraite senlisienne, Couture développe une tendance à la misanthropie. À la manière d’Honoré
Daumier, il tourne en dérision les hommes de loi, politiciens, financiers, médecins et courtisans. Il utilise les caractères grotesques de la Commedia dell’arte pour dépeindre sa vision acerbe de la société du Second Empire. Parmi ces personnages, Pierrot est un leitmotiv dans l'œuvre des années 1860. Dans Pierrot en correctionnelle (ill. 1), conçu en 1859 et poursuivi jusqu’en 1863, l’artiste nous montre un pauvre malheureux, jugé pour avoir volé des victuailles dans la cuisine d’un restaurant, désemparé face à la justice bourgeoise qui s’abat sur lui. La plaidoirie de l’avocat Arlequin, que l’on sent véhémente, est inutile, les deux juges étant envahis par « le sommeil du juste », selon les termes de Couture. Notre Étude de bonnet de nuit est indéniablement liée à la figure de Pierrot. Si elle n’est pas directement préparatoire à une composition précise, elle pourrait être une première pensée ou étude non retenue pour Pierrot en correctionnelle.