René Iché commence à peindre et dessiner au début des années 1910, obtenant même le Premier prix de dessin de l’Ecole des Beaux-Arts de Montpellier. Mais ses débuts d’artiste sont interrompus par la Première Guerre mondiale dans laquelle il s’engage volontairement dès 1915. Après la Guerre au cours de laquelle il est blessé plusieurs fois, il s’installe définitivement à Paris et s’inscrit en licence de droit. Après quelques mois à travailler dans l’administration Iché entre dans l’atelier de Bourdelle et se passionne pour la sculpture. Il débute au Salon des Indépendants en 1924 et expose en 1931 à la Galerie Zborowski (Galerie exposant entre autres Amedeo Modigliani, Chaïm Soutine et André Derain). Il pratique alors la taille directe et le modelage dont il tire des plâtres et des bronzes. Très touché par la Guerre d’Espagne, il sculpte en 1937 une version très personnelle de Guernica qu’il refuse ensuite d’exposer.
Au cours de la Seconde Guerre mondiale, il s’engage dans la résistance, met son atelier qui sert de planque à disposition de Forces Françaises libres et forme ses frères d’armes à la gravure pour faire de faux papiers. Son engagement est tel qu’il envoie au Général de Gaulle à Londres une de ses sculptures : La Déchirée symbolisant la résistance. Après-Guerre, Iché est sollicité pour différents monuments commémoratifs et milite pour la reconnaissance sociale des sculpteurs. La fin des années 1940 et le début des années 1950 sont une période de reconnaissance pour le travail de l’artiste qui expose dans plusieurs galeries et reçoit de nombreuses commandes publiques. À sa mort, il tombe dans un oubli relatif mais son œuvre ainsi que sa bibliographie critique témoignent de son importance pour la sculpture moderne en France. Proche des surréalistes et ami de Picasso, il aura côtoyé dans sa courte carrière, les plus grands artistes de son temps.
En représentant son corps vu de ses propres yeux, Iché nous livre une forme d’autoportrait très originale. On y retrouve la technique dessinée rapide et anguleuse que l’artiste a souvent utilisé pour représenter des nus féminins et masculins (Ill.2).