Après avoir été l’élève de Pierre-Gustave Artus et Gustave Lauriol à l’Ecole des Beaux-Arts de Bordeaux, Raphael Delorme commence sa carrière comme décorateur de théâtre. Grâce au mécénat d’une tante fortunée, il abandonne vite cette activité pour se consacrer uniquement à la peinture de chevalet sans jamais avoir à se soucier de vendre ses œuvres. Il se vantait même de n’avoir vendu qu’un seul tableau dans sa vie au Maharadjah de Kapourtala. Malgré cette excentrique insouciance, il exposa souvent au Salon d’Automne, à la Nationale des Beaux-Arts et au Salon des Tuileries. Peu connu de son vivant, il est aujourd’hui une des figures majeures de la peinture Art Déco.
Très grand admirateur d’Ingres, « son dieu vivant », Delorme crée des compositions impeccables au ton froid et au dessin parfait. Oscillant entre Académisme et Surréalisme, il crée un univers très personnel et bizarre, peuplé de pulpeuses blondes nues et de créatures mythologiques dans des décors où se mêlent architecture antique et machines modernes. Plus épuré que ses compositions habituelles notre tableau permet à l’artiste d’exprimer son goût pour la perspective et son caractère mystique. Froid, original, symboliste, surréaliste et surtout très excentrique cet incroyable tableau traduit bien la personnalité hors norme de son auteur. « Cet homme au beau visage simiesque avait deux grandes qualités, personne ne modifiait son comportement et il avait le sens de l’humour le plus pur » écrira à sa mort son neveu, l’humoriste Chaval.