Originaire de Nantes, formé dans l’atelier d’Hippolyte Flandrin à l’École des beaux-arts de Paris et lauréat du Prix de Rome en 1856, Jules-Elie Delaunay mène une brillante carrière de peintre d’histoire et de décorateur, recueillant honneurs et commandes publiques. Il participe aux décors du Conseil d’État, du Panthéon et surtout de l’Opéra Garnier à partir de 1863 pour lesquels notre dessin est préparatoire.
Apollon recevant la Lyre des mains de la Musique orne le tympan est du salon du côté est du grand foyer de l'Opéra de Paris. Delaunay est l'auteur des quatre compositions décorant ce même salon. Félix Barrias réalise celles du salon ouest et Paul Baudry toute la partie centrale. L’architecte Charles Garnier décrit la composition de Delaunay en ces mots : « Sur le sommet du Parnasse ombragé de lauriers, Apollon est porté sur un nuage. À sa droite, un génie ailé (la Musique) lui apporte la lyre. Une femme nue, personnifiant à la fois le Printemps et la Mélodie, lui offre des fleurs. Auprès d'elle, Uranie, drapée de bleu, tient un rouleau dans la main et personnifie l'Harmonie soutenant la Mélodie. Un jeune homme, le chalumeau dans la main gauche, se penche et boit l'eau de l’Hippocrène. C'est tout à la fois le poète et le musicien s'abreuvant aux sources du Parnasse. À gauche, l'Amour présente à Apollon une couronne que lui offrent les Trois Grâces nues »1. Notre œuvre est une étude pour la Grâce drapée de bleu, de dos, assise à gauche.
La feuille est dédicacée à Etienne de Cardaillac (1818 – 1879), directeur des bâtiments civils et des palais nationaux, d’abord sous Napoléon III, puis sous la IIIe République, jusqu’en 1877. Il est membre du jury du concours organisé en 1860 pour la construction de l’Opéra national de Paris remporté par Charles Garnier.