Jean Rivière est fils d’artisans ébénistes. Il se forme à l’École des beaux-arts de Toulouse à partir de 1869, où il rencontre Henri Martin, Henri Marre et Paul Pujol. Grâce à ses sculptures, il obtient une certaine notoriété. Il expose au Salon des Artistes français de 1882 à 1896, ainsi qu’à l’Union artistique de Toulouse de 1885 à sa mort, en 1922, où il présente des sculptures religieuses, des médaillons, des allégories, des bustes et quelques portraits historiques (Jeanne d’Arc, Charles le Téméraire). Il devient professeur à l’École des beaux-arts où il occupe la chaire de sculpture ornementale et forme notamment les frères Alet et André Arbus qui feront de brillantes carrières.
Grâce à son ami Henri Martin, il obtient une commande pour la salle des Illustres du Capitole : Toulouse dans la gloire, sculpture en ronde-bosse. Son amitié avec Henri Martin est très forte et il réalise pour lui des cadres en bois précieux. « Pourquoi ne pas me parler de toi ; tu me racontes ce que je pense. Mon ami, crois-tu que cela suffit à ma curiosité amicale ; crois-tu que je n’aurais pas plaisir à savoir ce que tu deviens ? Malgré tes intentions vis-à-vis de moi je ne puis passer sous silence ta façon d’agir, aussi je te prie pour l’avenir de ne pas tant te sacrifier » écrit Henri Martin dans une lettre de 1884 adressée à son ami dévoué. Outre la sculpture, Rivière peint quelques tableaux aux compositions sobres et lumineuses dont la touche allongée et divisée semble directement inspirée des toiles de son ami.
Rivière est un artiste aux talents multiples : terre cuite, céramique, orfèvrerie, ébénisterie. Son art se trouve à la croisée de l’Art nouveau, du postimpressionnisme et du symbolisme. Son œuvre majeure, Théodora, réalisée en 1891, est récemment entrée au musée des Augustins (ill. 1). Notre masque en terre cuite est une étude pour un autoportrait sculpté (ill. 2). L’artiste va à l’essentiel et y représente les quelques lignes caractéristiques de son visage, lui donnant un aspect décharné, à la manière d’une vanité.