Louis Claude Vassé étudie auprès de son père, le sculpteur Antoine François Vassé, et d’Edme Bouchardon (1698-1762). Il obtient le premier prix de sculpture de l’Académie royale de peinture et de sculpture en 1739 et réside à l’Académie de France à Rome de 1740 à 1746. De retour à Paris, il travaille assidûment pour le célèbre antiquaire et collectionneur Anne Claude Philippe de Pestels de Lévis de Tubières-Grimoard, comte de Caylus. Il est reçu à l’Académie en 1751, où il devient professeur dix ans plus tard. Il remplace Bouchardon comme Dessinateur de l’Académie des Inscriptions à la mort de celui-ci en 1762. Plusieurs de ses dessins ont d’ailleurs été erronément attribués à son prédécesseur. Son œuvre inclut des sculptures religieuses et profanes, ainsi que des monuments funéraires, portraits et objets précieux.
Notre dessin est une étude préparatoire pour le mausolée de Stanislas Leszczynski, roi de Pologne de 1704 à 1709, puis de 1733 à 1736 sous le nom de Stanislas Ier. À la suite de la guerre de Succession de Pologne (1733–1738), qui l’oppose à Auguste III, Stanislas est contraint à un second exil. Il obtient de son gendre, le roi de France Louis XV, le duché de Lorraine et de Bar dont il est duc jusqu’à sa mort en 1766. En Lorraine, il fait reconstruire l’église Notre Dame de Bonsecours de Nancy et décide de s’y faire enterrer aux côtés de son épouse. À sa mort, le mausolée est commandé par sa fille, Marie Leczinska. Les sculpteurs Louis-Claude Vassé et Augustin Pajou sont sollicités pour la commande. Toutefois, la composition proposée par Vassé emporte, selon Denis Diderot, les faveurs de la famille royale.
Notre sanguine est une étude, ou « première pensée », pour le mausolée. Stanislas surplombe le tombeau, allongé dans une pose élégante et autoritaire sur un socle. Il est représenté avec l’ordre du Saint-Esprit et son bâton de commandement. Dans la section inférieure du dessin à droite, nous retrouvons la Charité avec deux enfants et la figure de la Religion, adossée sur un globe terrestre. À gauche, l’allégorie de la Sagesse est représentée assise avec son casque et son bouclier.
Dans la version finale du tombeau (ill. 1), l’artiste laisse quasiment inchangée la représentation de Stanislas et du globe terrestre entre les allégories. Il modifie néanmoins sensiblement la composition. La Charité reste dans la même pose mais un seul enfant l’accompagne. La figure de la Religion est supprimée et l’allégorie de la Sagesse remplacée par une personnification de la Lorraine. Vassé réduit ainsi le nombre de personnages pour concentrer l’attention sur le sujet central.
Notre dessin a figuré dans la vente de Charles-Eugène Bérard, à Drouot du 21 au 25 février 1891. Bérard était architecte et collectionneur de dessins d’architecture et d’ornementation. Il a enrichi la collection initiée par son père André-Denis Bérard, architecte également. Notre dessin correspond au n°94. A sous le nom de Clermont, vraisemblablement Jean-Marie Clermont, sculpteur actif à Paris au XVIIIe siècle. Le montage porte également la marque de la collection « L. Bongard ».