Jacques Laudy est un peintre et dessinateur belge. Figure importante de la bande-dessinée du milieu du XXe siècle, il est proche d’Hergé et fonde, en 1946, le Journal de Tintin avec Jean Dratz, Edgar P. Jacobs et Jacques Van Melkebeke. Il est également connu pour avoir inspiré les traits de Francis Blake dans Blake et Mortimer (ill. 1) de Jacobs. L’univers graphique de Laudy se distingue par une fantaisie débridée faite de situations fantastiques et de jeux de mots improbables qui donnent vie à ses œuvres, notamment Gust, le Flibustier (1947) et Hassan et Kaddour (1948–1962).
Fils d’artiste, le jeune Laudy eut d’abord pour ambition de devenir peintre. Les livres illustrés par Arthur Rackham (1867–1939) avec lesquels il grandit, lui inspirèrent un univers peuplé de chevaliers et animé de légendes qu’il explore dans ses premières toiles.
Sa formation à l’Académie, où il fut élève du peintre Constant Montald (1862–1944) – comme Paul Delvaux et René Magritte – le sensibilisa au symbolisme et à la peinture spirituelle, comme en témoigne notre Autoportrait singulier.
Dans notre feuille, la tenue discrète du modèle et l’arrière-plan monochrome traduisent l’intériorité de la figure, qui jauge le spectateur d’un regard sérieux et pénétrant. Comme nombre d’artistes symbolistes, Laudy puise ses sources dans la Renaissance et se représente entouré de références aux maîtres anciens. La boule de cristal évoque un Salvator Mundi italien tandis que la pose, la présence du trèfle et le dessin hachuré sous-jacent renvoient aux portraitistes de la Renaissance allemande. Laudy se représentera, près de dix ans plus tard, sous les mêmes traits dans un Autoportrait de 1937 (ill. 2).
Vendu
Jacques Laudry
1907–1993