Paysagiste reconnu, admiré pour ses compositions symbolistes, Henri Martin est célébré pour ses décors ornant des édifices illustres tels que la Sorbonne, l’Élysée et le Conseil d’État, à Paris, ou le Capitole, à Toulouse.
En 1877, il intègre l’École des beaux-arts de la ville rose, sa ville natale, avant de rejoindre Paris deux ans plus tard, où il est admis dans l’atelier de Jean-Paul Laurens. Grâce à son soutien, Henri Martin expose au Salon, dès 1880, des œuvres dans la tradition académique de son maître. Apprécié de la critique, il entame une carrière officielle.
Pourtant, à partir de la moitié des années 1880, Martin se détourne du classicisme. Après un voyage en Italie, ses aspirations esthétiques s’affirment et il développe un néo-impressionnisme individuel, empreint de symbolisme - il participe aux Salons de la Rose-Croix, entre 1892 et 1897 : des scènes oniriques dans lesquelles la division de la couleur, par la juxtaposition de touches rapides, exalte la lumière. « La pleine lumière, éclatante et diffuse […] m’obligea impérieusement à la traduire comme je pus, mais autrement que par des taches débordantes, par le pointillé, par la décomposition du ton » (Henri Martin).
Martin, originaire d’un territoire sans littoral, est rapidement captivé par l’atmosphère maritime. En 1907,
il peint les rochers battus par l’écume dans le port breton d’Argenton. Puis, installé dans le sud de la France, il découvre la lumière de Collioure, immortalisée par Paul Signac, Henri-Edmond Cross, Maximilien Luce, Henri Matisse et André Derain. Pendant près de vingt ans, Henri Martin peint inlassablement le village
catalan - il y achète d’ailleurs une maison en 1923 - et ses alentours.
« De l’eau reflétant constamment le ciel ! Quelle merveille ! Peindre de l’eau pour ma part j’y éprouve de la joie » (Henri Martin, 1901). Ici, Collioure s’efface et c’est la mer qui occupe l’espace. Le contraste des reflets vivants du ciel dans les vagues et du relief des rochers immobiles marque cet espace de rencontre entre la terre et la mer. Cette composition, reprise plusieurs fois par Martin, amplifie les variations infinies de tonalité et de luminosité induites par les saisons, le temps, les heures. La vue, serrée sur un simple élément du littoral, manifeste l’immensité azuréenne : l’eau absorbe les cieux, leurs couleurs et leur lumière.