Outre ses emblématiques peintures sur fond d’or, icônes de la Sécession viennoise et de l’Art nouveau, Gustav Klimt se singularise par sa formidable production graphique - près de 4 000 dessins sont connus. Son œuvre dessiné est complémentaire de l’œuvre peint.
Formé dans la plus pure tradition de l’École des arts décoratifs de Vienne aux règles et techniques du dessin académique, Klimt travaille d’après des modèles vivants. Si certains dessins sont préparatoires aux tableaux, beaucoup sont des compositions autonomes.
Dès 1897, Klimt n’utilise pour ses feuilles qu’un seul format de papier caractéristique sur lesquelles il dessine d’abord au crayon noir, puis à la mine de plomb, ayant ponctuellement recours aux crayons de couleurs ou à la plume. Au fil de sa carrière, son style devient de plus en plus expressionniste ; les lignes appliquées et continues laissent place à des traits plus nerveux, plus courts aussi, qui animent les figures.
Pour Klimt, « tout l’art est érotique ». L’amour charnel est un thème fondamental de son œuvre - récurrent depuis sa période symboliste des années 1890, il culmine dans le Baiser (1908). Souvent représenté crûment, minutieusement, l’acte sexuel est parfois simplement suggéré comme dans notre dessin où le couple est dissimulé par le drap. Sensuelles, les figures sont étroitement entrelacées, se confondant jusqu’à l’abstraction. Comme souvent dans les dessins tardifs de l’artiste, homme et femme s’entremêlent dans une seule et même silhouette.
Ses dessins érotiques lui valent des accusations d’obscénité et le décide à ne plus les exposer à Vienne. Klimt ne vend que très peu de feuilles de son vivant, confortant leur dimension intimiste.