Né en 1913 à Paris, Georges Rohner découvre les musées du Louvre et du Luxembourg à l’âge de seize ans. Le choc est brutal : il abandonne le lycée en Seconde pour s’inscrire à l’École des beaux-arts. En 1930, il entre dans l’atelier de Lucien Simon, en même temps que Jacques Despierre, Robert Humblot et Henri Jannot. Il partage alors un atelier avec Robert Humblot et expose pour la première fois au Salon des Indépendants et au Salon des Tuileries en 1934.
En 1935, Georges Rohner participe à la première exposition du groupe « Forces Nouvelles » à la galerie Billiet-Worms à Paris. Créé par le critique d’art Henri Hérault, le groupe rassemble les anciens camarades de classe aux beaux-arts Jacques Despierre, Robert Humblot, Henri Jannot, JeanLasne et Georges Rohner, mais aussi d’autres artistes autodidactes comme Pierre Tal-Coat. « Forces Nouvelles » prône un retour au dessin, au trait, à la ligne et à la représentation rigoureuse et classique de la réalité. En 1997, Georges Rohner explique à Libération : « Chez les artistes de ma génération, beaucoup rejetaient l’héritage de l’impressionnisme. Mais, à l’intérieur de ‘‘Forces Nouvelles’’, nous tenions absolument à la représentation de la nature et désapprouvions sa déformation systématique. À l’époque, l’abstraction ne s’était pas encore vraiment imposée ». L’artiste, qui se définit comme un peintre classique admirant Jean Auguste- Dominique Ingres et Philippe de Champaigne, est l’une des têtes de proue du groupe et participe à ses quatre expositions entre 1935 et 1941. Au-delà d’un réalisme affirmé, la peinture de Georges Rohner est caractérisée par une géométrisation marquée de la composition, un rendu souvent sculptural des figures dans des fonds ou décors épurés et minimalistes, flirtant parfois avec le surréalisme.
Toute sa vie, l’artiste a étudié le corps humain et particulièrement le nu féminin, qu’il se plait à représenter en détail avec des cadrages audacieux, comme dans notre dessin. L’artiste y adopte un point de vue inédit, en se concentrant uniquement sur le corps du modèle. La pose est à la fois suggestive et douce, l’éclairage est mystérieux, l’atmosphère poétique. Notre aquarelle est une étude pour le tableau Nébuleuse peint en 1971 et exposé en 1972 à la Galerie de Paris.