Né à Dieuze en 1863, Émile Friant se réfugie à Nancy avec sa famille après la guerre de 1870. Artiste précoce, il commence à peindre très jeune et expose pour la première fois au Salon des Beaux-Arts de Nancy à quinze ans. Il gagne ensuite Paris où il entre dans l’atelier d’Alexandre Cabanel (1879) comme Jules Bastien-Lepage avant lui. Influencé par son aîné, Friant s’inscrit dans le mouvement naturaliste. Il peint des sujets témoignant du monde qui l’entoure, souvent pris sur le vif. Son œuvre se partage entre des représentations légères de la vie des campagnes nancéiennes comme Les Amoureux et des scènes contemporaines plus dramatiques comme La Toussaint ou surtout La Peine capitale. Ce spectaculaire tableau relate le chemin vers l’échafaud d’un condamné. Traité avec un réalisme journalistique, il fait figure de manifeste de l’artiste contre la peine de mort.
L’approche artistique de Friant passe par une maîtrise parfaite du dessin pour un rendu hyper réaliste des scènes qu’il dépeint. Il cherche à assimiler la technique de Jean-Auguste-Dominique Ingres ou de Jean-Léon Gérôme pour traduire sa vision de la réalité. Vers 1890, Friant est influencé par le symbolisme et se plaît à représenter des jeunes filles perdues dans une attitude méditative empreinte de mélancolie. Comme son ami Pascal Dagnan-Bouveret, il met en scène des figures féminines rêveuses dans des habits paysans, donnant une vision idéalisée et onirique du monde rural de l’époque. Les thèmes de l’enfance et de l’adolescence sont également récurrents dans l’œuvre de l’artiste, à l’image de notre pastel représentant une jeune fille se coiffant. Superbe dessinateur, Friant est également un excellent pastelliste. Il utilise souvent ce médium pour dessiner des scènes d’intérieur constituant l’aspect le plus intime de son œuvre.