Adolphe-Félix Cals naît le 17 octobre 1810 dans une famille modeste. Son père décèle ses dons précoces et confie le jeune garçon à Jean-Louis Anselin, graveur parisien. A la mort d’Anselin, Cals fréquente divers ateliers de gravure avant d’intégrer l’Ecole des Beaux-Arts de Paris en 1828. Il entre dans l’atelier de Léon Cogniet, peintre et dessinateur imprégné du sentiment romantique alors en vogue. Fort de ses convictions en matière d’art, Cogniet se montre sévère envers son élève, dont il n’aime ni la technique ni l’inspiration, qu’il juge trop proche de celle de Corot.
Dans l’atelier de Cogniet, Cals est employé dans des réalisations de grandes compositions d’histoire qu’il n’apprécie guère : aux « grandes machines » il préfère les petits formats. En effet, dès le début de sa carrière, il est plutôt attiré par les paysages et les scènes intimistes : ses sujets sont fréquemment inspirés des activités quotidiennes se déroulant dans des intérieurs paysans.
De même, il trouve dans le portrait son moyen d’expression préféré pour restituer sur la toile des fragments de vie intime : les dessins du département des Arts graphiques du Louvre tels que le Portrait de femme, de trois quarts vers la gauche (RF 3815, Recto) témoignent de cet intérêt pour l’art du portrait (ill. 1).
En 1832 le service militaire conduit Cals à Rouen : c’est le debut d’un attachement profond à cette région, la Normandie, à laquelle il rendra hommage dans une série de paysages. Il entre en contact avec les artistes naturaliste habitués des côtes normandes, en séjournant à la ferme Saint-Siméon de Honfleur. À partir de 1835, Cals expose régulièrement – ses paysages comme ses portraits – au Salon annuel. Précurseur pour les peintres impressionnistes – nous retrouvons des échos de son art particulièrement chez Pissarro – il fut à leurs côtés dès leur première exposition, en 1874. Cependant, sa participation au nouveau mouvement de peinture « en plein air » reste discrète.
On connaît les traits de Adolphe-Félix Cals grâce à son Autoportrait, datant de 1851, aujourd’hui conservé au musée d’Orsay (huile sur toile, 46,5 x 38,5 cm, RF 2840). Dans cette toile l’artiste nous délivre une image « adulte » de lui-même : un homme en buste, de trois-quarts, tourné vers la gauche, tenant dans sa main ce qui semble être un pinceau (ill. 2).
Précédant d’une dizaine d’années la toile du musée d’Orsay, notre dessin s’inscrit dans la même lignée : il nous restitue l’image d’un jeune homme, dont les traits du visage sont traités de façon à exprimer l’impression que le peintre a de lui-même. Il met notamment l’accent sur son regard : ses yeux sont tournés vers le spectateur et ses sourcils, légèrement froncés, contribuent à lui donner un air interrogatoire. L’image d’un artiste – capturée au moment de son inspiration – est déjà en place.
Nous connaissons un autre autoportrait de l’artiste, exécuté en 1838 (ill. 3). Dans ce dernier, nous retrouvons la même expression dure et directe, typique aussi des portraits des paysans.