Ambroise Duchemin
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Victor Hugo

1802–1885

Paysage sous la pluie

Plume et lavis d'encre brune, gouache blanche sur papier
107 × 144 mm
Publication :
Jean Massin, Victor Hugo. Œuvre graphique, Volume II, Architectures, paysages, marines, décors, pochoirs, pliages, etc. 1969, n° 1001
Exposition :
Madrid, Museo Thyssen-Bornemisza, Paris, Maison de Victor Hugo, Du chaos dans le pinceau... Victor Hugo, dessins, 2000 -2001, n° 183, p. 385, rep. p. 232

En 1851, à la suite du coup d’État de Louis Napoléon Bonaparte, l’engagement politique de Victor Hugo, chef de file de l’école romantique, le contraint à quitter la France. Cet exil forcé s’avère être une période littéraire féconde. Après un séjour à Bruxelles, c’est à Jersey qu’il compose les Châtiments, un recueil de poèmes contestant la légitimité de Napoléon III. Expulsé de Jersey, il s’installe à Guernesey en 1855 où il rédige les Contemplations et reprend l’écriture des Misérables. Ces années insulaires marquent également la transposition du lyrisme dans l’œuvre dessiné de Hugo. L’univers pictural de l’artiste, enfermé dans l’espace des îles anglo-normandes, s’enrichit du spectacle de l’océan. Attiré par la mer depuis ses premiers voyages, la réclusion renforce la fascination du poète pour le mouvement des vagues, les tempêtes, les naufrages, et la rudesse de la vie des gens de la mer.

Notre dessin représente un paysage, vraisemblablement de bord de mer, enseveli sous une nuée de brumes et sous un déluge d’eau. Dans ce paysage tourmenté, les taches noires et les nuées de gouache blanche imitent le tumulte des éléments – le brouillard épais, les vagues immenses et les nuages menaçants. Une pluie battante striant la scène renforce ce spectacle apocalyptique.

Dans notre œuvre, technique et poésie s’accordent pour exprimer le " pêle-mêle " de l’océan, comme Hugo l’écrira dans les Travailleurs de la mer. Pendant cette période, l’artiste privilégie les compositions présentant de larges coulées d’encre, en dessinant avec les deux bouts d’un même outil : le bec d’une plume d’oie et les poils de barbe. Ses dessins se révèlent d’une grande richesse technique (effets de craquelures, mélanges d’encres et de matériaux divers, grattages, etc.). Comme sous l’effet de la vapeur, le paysage se dilue sous les voiles d’encre, les formes se liquéfient dans l’humidité du papier mouillé. À l’instar de la pluie, la mer, les nuages ou la fumée dans la nuit, les matériaux s’amalgament en une substance informe, à la fois nuancée et presque indifférenciée. L’océan et le ciel se confondant dans la nuit est un thème qui revient fréquemment dans les Contemplations. Ces techniques aléatoires, travaillées à partir de la tâche d’encre, permettent à l’imagination de s’affranchir de la maîtrise et de la réflexion, et confèrent aux dessins de Hugo une modernité qui fascinera les artistes du 20e siècle.

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