Ambroise Duchemin
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Vendu

Théodore Rousseau

1812–1867

Paysage de la forêt de Fontainebleau

Vers 1860
Huile et encre brune sur panneau
128 x 241 mm
Monogrammé en bas à droite : « TH.R »

Théodore Rousseau se forme dès 1821 chez Pierre Alexandre Pau de Saint Martin, élève de Joseph Vernet. Son maître l'emmène travailler dans la forêt de Compiègne et le recommande à Charles Rémond, artiste néoclassique. Il se rend régulièrement au Louvre et peint autour de Paris, à Chatenay-Malabry, à Meudon, au parc de Saint-Cloud et dans les environs de la forêt de Fontainebleau. En 1829, Rousseau fréquente l'atelier de Guillaume Guillon-Lethière. Il puise son inspiration sur le vif, en parcourant la France : entre 1830 et 1837, il découvre l'Auvergne, la Normandie, le Jura, la Vendée et la Sologne. Après avoir essuyé un refus au Salon de 1836, il s'installe à l'auberge Ganne à Barbizon. Le village, situé en lisière de la forêt de Fontainebleau, devient le lieu de rassemblement de nombreux artistes qui fuient la civilisation urbaine et les débuts de l'industrialisation dont Jean-François Millet, Camille Corot et Charles Daubigny. Ces derniers, influencés par les paysagistes hollandais du XVIIe siècle et les peintres anglais contemporains, notamment John Constable et Richard Parkes Bonington, tirent leur inspiration de l'observation sensible de la nature. La forêt de Fontainebleau leur offre une variété de vues boisées, rocheuses ou verdoyantes. Le paysage recomposé en atelier, prôné par la tradition académique, cède désormais la place au paysage pur.

Notre panneau, qui représente un Paysage de la forêt de Fontainebleau, est peint à l'encre brune sur une préparation à l'huile blanche, sur panneau, une technique élaborée par Rousseau à la frontière entre la peinture et les arts graphiques. Il utilise une palette monochrome jouant sur les valeurs, évitant les lignes fermées et les contours nets afin de privilégier l'expression du mouvement ; le squelette de la nature est ainsi révélé par la teinte sépia. Ce procédé chromatique est courant chez l'artiste qui attache une grande importance aux grisailles, à l'instar de certains maîtres hollandais du XVIIe siècle comme Jan Van Goyen, dont il se considère le disciple. Ses grisailles, par leur spontanéité et leur rapidité d'exécution, sont l'expression d'une première pensée dont Rousseau veut conserver l'intention - il signe ou monogramme d'ailleurs ses esquisses et ses études préparatoires.

Notre encre témoigne du style tardif de Rousseau, mis au point à partir de 1860. Il abandonne le rendu minutieux des détails pour privilégier des dessins à la plume caractérisés par un pointillisme lumineux qui annonce les innovations des artistes des générations suivantes : impressionnistes et post-impressionnistes. Le trait haché, autoritaire et fiévreux de notre dessin sur panneau montre une curieuse préfiguration de la technique graphique de Vincent van Gogh.

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