Ambroise Duchemin
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Vendu

Julien Duvocelle

1873–1961

Portrait d’homme (Autoportrait présumé)

1931
Pastel sur papier
385 x 308 mm
Signé et daté en bas à droite : « A. XXXI J.Duvocelle »

La carrière de Julien Duvocelle est peu documentée. Il suit les leçons de Pharaon de Winter à l’École des beaux-arts de Lille, avant d’entrer dans l’atelier de Léon Bonnat, portraitiste et professeur à l’École des beaux-arts de Paris. Entre 1897 et 1927, l’artiste expose presque chaque année au Salon des Artistes Français, principalement des portraits féminins. Le Portrait de la mère de l’artiste, présenté à l’Exposition Universelle de 1900, lui permet d’obtenir une médaille de bronze. Il participe en 1905 à une exposition de portraits à Brême et reçoit la commande d’une affiche pour la collection JOB, regroupant des images publicitaires pour une marque de papier à cigarette.

En marge de son activité de portraitiste, il se spécialise, au cours des premières années du XXe siècle, dans la représentation de natures-mortes et de scènes macabres qui se rattachent à une veine symboliste morbide. La mort est personnifiée dans ses œuvres par des crânes ricanant aux globes oculaires exorbités qui s’apprêtent à emporter leur victime (ill.1).

Malgré ses participations régulières au Salon, Duvocelle reste un artiste assez confidentiel. Les premières années de sa carrière sont encourageantes avec plusieurs commandes de portraits dont celui du peintre Alfred Agache (Beaune, musée des Beaux-Arts) qui fut son premier soutien. Mais à la suite de la Première Guerre mondiale, l’artiste subit plusieurs revers de fortune et se retire peu à peu de la vieartistique. Il termine sa vie dans la pauvreté la plus totale et meurt oublié de tous en 1961. Cette misère est évoquée dans notre portrait à l’habit très simple, aux couleurs ternes et à l’atmosphère presque sinistre. Néanmoins l’attitude narquoise du modèle et l’éclairage du visage contrastent avec cette morosité sociale. L’espièglerie introspective du modèle, le cadrage serré et la pose invitent à voir dans notre pastel, au réalisme quasi photographique, un autoportrait très cynique. Les artistes ayant privilégié une vue frontale pour leurs autoportraits ont souvent associé ce point de vue à un visage austère et fermé (Dürer, Titien, Delacroix, etc.). À l’inverse, Duvocelle se représente agé de cinquante-huit ans, presque souriant et semble bien se moquer du sort que lui a réservé la vie.

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