Ambroise Duchemin
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Vendu

Théophile Alexandre Steinlen

1859–1923

Portrait d’Émile Zola de profil

Fusain sur papier velin
279 x 207 mm
Monogrammé b.d. : S.T.
Inscription au dos : Funérailles de Zola

Né à Lausanne en 1859, Théophile Alexandre Steinlen se forme d’abord au dessin d’ornement industriel à Mulhouse. En 1881, il s’installe à Paris avec sa femme où il rencontre Adolphe Willette et le groupe d’artistes rassemblé au nouveau cabaret du Chat Noir : Aristide Bruant, Charles Léandre, Felix Valloton, Henri de Toulouse-Lautrec, Paul Verlaine, etc. Il emménage vite à Montmartre et participe à la revue hebdomadaire du Chat Noir. Steinlen peint et expose ses œuvres au Salon des Indépendants à partir de 1893, mais son activité la plus prolifique est celle du dessin d’illustration. Il collabore à de nombreuses revues satiriques comme l’Assiette au beurre, Le Chambard socialiste ou La Feuille ; réalise des affiches pour le théâtre et illustre de nombreux livres et romans. Ses œuvres sont ainsi largement reproduites et diffusées dans la rue, contribuant au renouvellement de l’illustration et inspirant toute une génération d’artistes dont Pablo Picasso fera partie.

En tant que dessinateur de presse, la démarche artistique de Steinlen est indissociable d’un engagement politique de tous les instants. Comme Toulouse-Lautrec, il cherche à transcrire dans sa peinture et ses dessins une réalité sociale jusqu’ici restée en marge de la représentation picturale et n’hésite jamais à prendre position à travers ses œuvres. Ami de Zola et d’Anatole France, Steinlen participe ainsi à la cause des Dreyfusards et fréquente les milieux socialistes.

La mort d’Émile Zola, intoxiqué pendant la nuit, en 1902 eut un écho énorme dans la presse française. Quatre ans après son fameux « J’accuse », la France est toujours divisée par l’affaire Dreyfus. L’écrivain a alors autant de partisans que de détracteurs. Grâce à l’intermédiaire de Dreyfus, Anatole France peut prononcer une oraison funèbre lors des obsèques au cimetière Montmartre :

« Devant rappeler la lutte entreprise par Zola pour la justice et la vérité, m’est-il possible de garder le silence sur ces hommes acharnés à la ruine d’un innocent et qui, se sentant perdus s’il était sauvé, l’accablaient avec l’audace désespérée de la peur ?
Comment les écarter de votre vue, alors que je dois vous montrer Zola se dressant, faible et désarmé devant eux ?
Puis-je taire leurs mensonges ? Ce serait taire sa droiture héroïque.
Puis-je taire leurs crimes ? Ce serait taire sa vertu.
Puis-je taire les outrages et les calomnies dont ils l’ont poursuivi ? Ce serait taire sa récompense et ses honneurs.
Puis-je taire leur honte ? Ce serait taire sa gloire.
Non, je parlerai.
Envions-le : il a honoré sa patrie et le monde par une œuvre immense et un grand acte.
Envions-le, sa destinée et son cœur lui firent le sort le plus grand.
Il fut un moment de la conscience humaine. »

Steinlen accepte naturellement d’illustrer le discours de son ami qui est publié par E. Pelletan à la suite des obsèques. Notre portrait de profil de l’écrivain est préparatoire pour une des planches représentant dans la composition finale Zola de trois-quarts, portant des lunettes et regardant au loin.

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