Georges Rohner (1913-2000)
Nocturne
1985

Huile sur toile
120 x 120 cm

Bibliographie :
Bertrand Duplessis, « Georges Rohner ou l’organisation formelle », Connaissance des hommes, n°121, septembre-octobre 1987
Pierre Cabanne, Rohner, Paris, Les éditions de l’amateur, 1989, p.135, p. 200
Nadia Bonini, Catalogue raisonné de l’œuvre peint de Georges Rohner, thése sous la direction de Bruno Foucart, Paris, Sorbonne, 1987, n°1266

Expositions :
Rohner dans Paris, Galerie Framond, Paris, mai-juillet 1986
Nus et draperies, Galerie Framond, Paris, mars-mai 1991
Rohner à Vascoeuil, Château de Vascoeuil, juillet-novembre 1995


Né en 1913 à Paris, Georges Rohner découvre les musées du Louvre et du Luxembourg à l’âge de seize ans. Le choc est brutal : il abandonne le lycée en Seconde pour s’inscrire à l’École des beaux-arts. En 1930, il entre dans l’atelier de Lucien Simon, en même temps que Jacques Despierre, Robert Humblot et Henri Jannot. Il partage alors un atelier avec Robert Humblot et expose pour la première fois au Salon des Indépendants et au Salon des Tuileries en 1934.

En 1935, Georges Rohner participe à la première exposition du groupe « Forces Nouvelles » à la galerie Billiet-Worms à Paris. Créé par le critique d’art Henri Hérault, le groupe rassemble les anciens camarades de classe aux beaux-arts, Despierre, Humblot, Jannot et Rohner mais aussi d’autres artistes autodidactes comme Pierre Tal-Coat. « Forces Nouvelles » prône un retour au dessin, au trait, à la ligne et à la représentation rigoureuse et classique de la réalité. En 1997, Rohner explique à Libération : « Chez les artistes de ma génération, beaucoup rejetaient l’héritage de l’impressionnisme. Mais, à l’intérieur de ‘‘Forces Nouvelles’’, nous tenions absolument à la représentation de la nature et désapprouvions sa déformation systématique. À l’époque, l’abstraction ne s’était pas encore vraiment imposée ».

L’artiste qui se définit comme un peintre classique admirant Jean-Auguste-Dominique Ingres et Philippe de Champaigne s’intègre donc parfaitement à ce groupe et participe à ses quatre expositions entre 1935 et 1941. Au-delà d’un réalisme affirmé, la peinture de Rohner se définit par une géométrisation marquée de la composition, un rendu souvent sculptural des figures dans des fonds ou décors épurés et minimalistes, flirtant parfois avec le surréalisme.

Toute sa vie, Rohner s’est intéressé aux différents raccourcis permettant de reproduire le corps humain en contre-plongée ou dans des perspectives audacieuses. Il a, à ce titre, copié la Lamentation sur le Christ mort d’Andrea Mantegna (vers 1480) qu’il a réinterprété dans Le Naufragé (1939), son tableau emblématique conservé au musée de Boulogne. Notre tableau témoigne de ce goût pour les perspectives audacieuses en présentant à la lumière deux bustes de femmes nues devant une architecture évoquant la « skyline » new yorkaise. Le fond de notre tableau n’est pas une transcription directe des gratte-ciels de Manhattan, mais plutôt une vision imaginaire de la ville moderne basée sur les souvenirs de l’artiste, dix ans après un voyage à New York à l’occasion d’une exposition personnelle à la galerie Wildenstein (1974). Au cours de ce voyage, il s’était déjà penché sur les paysages urbains dans une grande toile représentant le Pont de Brooklyn.
AD.