Ambroise Duchemin
actualitésœuvrescataloguesà proposcontact
Vendu

Gustave Doré

1832–1883

L’Alsace meurtrie

1872
Crayon, plume et encre de chine, gouache blanche sur bois
185 x 125 mm
Signé, à l’envers, en bas à droite : « G. Doré »

Gustave Doré est l’un des artistes les plus originaux, les plus surprenants et les plus prolifiques du 19e siècle. Polyvalent, il touche à tous les champs artistiques : dessin, peinture, gravure et sculpture. Il peint des tableaux d’histoire, des paysages, des scènes de genre et illustre notamment la Bible et les plus grands auteurs : Dante, Rabelais, Perrault, Cervantès, Milton, Shakespeare, Hugo, ou encore Balzac. Son œuvre abondant, éclectique et visionnaire, le place au cœur de la culture visuelle du 19e siècle. Très largement diffusées à travers l’Europe, ses illustrations contribuent à façonner l’imaginaire du siècle suivant, son influence se retrouvant dans des domaines aussi variés que la bande-dessinée ou le cinéma.

Chroniqueur de la vie du 19e siècle, Doré s’intéresse aussi à l’histoire contemporaine. Par son activité de dessinateur de presse, il illustre l’actualité internationale et la politique militaire de Napoléon III. Les guerres sont des sources d’inspiration pour l’artiste qui dépeint la guerre de Crimée, les guerres d’Italie
et du Mexique, ainsi que l’expansion coloniale française en Afrique ou en Indochine. Patriote, l’artiste s’enthousiasme dans un premier temps pour la guerre franco-prussienne de 1870, avant d’être profondément marqué par la tournure tragique des événements. Engagé dans la garde nationale, il assiste de près au siège de Paris, qu’il n’a de cesse de dessiner, laissant plusieurs scènes de bombardements, de batailles ou de désolation. L’issue de la guerre, et surtout la perte de son Alsace natale, affligent profondément l’artiste qui peint au début des années 1870 plusieurs sombres allégories de la Guerre.

Il réalise un cycle de trois peintures monumentales en grisaille : l’Énigme, L’aigle noir de Prusse et La défense de Paris, dans lesquelles il renoue avec les visions apocalyptiques de ses illustrations pour L’Inferno de Dante. En 1872, Doré présente au Salon une grande toile représentant L’Alsace Meurtrie (ill. 1). On y voit une femme en tenue alsacienne, portant un drapeau replié, dans une attitude recluse, avec en arrière-plan, une vieille femme soignant un enfant. La toile est une des plus célèbres de l’artiste, comme l’écrit son biographe René Delorme : « Vous la connaissez tous, cette Alsacienne, coiffée d’un ruban noir, qui tient, serré contre son cœur, le drapeau aux trois couleurs, tandis que sa mère, assise près d’elle, soigne l’enfant bien aimé, l’orphelin qui sera l’homme de la revanche »1. Notre dessin dérive de cette composition, mais la femme âgée a été supprimée par l’artiste qui place l’enfant dans les bras de la mère, emmitouflé dans
le drapeau. Pour préparer les eaux-fortes qui seraient ensuite gravées par ses praticiens, Doré avait pour habitude de dessiner sur panneau de bois.
La pose inversée de l’Alsacienne, ainsi que la signature à l’envers, indiquent qu’il s’agit d’un projet de gravure, qui n’a finalement jamais été réalisé.

Demander un renseignement