Ambroise Duchemin
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Vendu

Jules Oury, dit Marcel-Lenoir

1872–1931

Étude de visages

Plume et lavis d’encre brune sur papier à lettre
311 x 206 mm
Inscription en bas de la feuille : « Monsieur Tart, / Bien merci pour votre aimable réponse. Espérant / pour mon ami qu’une place sera bientôt disponible. / En bon souvenir d’autrefois. / Marcel-Lenoir / 71 Bd Arago Paris »

Jules Oury dit Marcel-Lenoir nait à Montauban dans une famille d’orfèvres en 1872. À dix-sept ans, il s’installe à Paris où il fréquente l’École des Arts Décoratifs. Passionné par les artistes français du Moyen Âge, par la Renaissance italienne et grand admirateur de Puvis de Chavannes, il est naturellement séduit par l’univers ésotérique de la Rose+Croix. Ses premières œuvres, dont notre dessin de 1907 fait partie, sont donc imprégnées de symbolisme. Dessinant comme souvent sur du papier à lettre, l’artiste décline à trois reprises un visage penché dans une pose introspective et mystérieuse. Comme nous le signale Marie-Ange Namy, spécialiste de Marcel-Lenoir, il représente une icône féminine ténébreuse dans une attitude de lamentation. Trahissant une certaine angoisse, l’œuvre fait référence à la Trilogie féminine souvent représentée par Marcel-Lenoir vers 1907. Elle consacre une vision ternaire de la femme : la Vierge, l’Êve pécheresse et la veuve vengeresse (ill.1).

Au tournant des années 1910, l’artiste abandonne le symbolisme pour se concentrer sur une peinture plus proche de la nature. « On ne peint pas d’après la nature, on pense d’après la nature » disait-il. S’il a été relativement oublié après sa mort, Marcel-Lenoir était considéré comme un artiste majeur de la peinture moderne figurative de son vivant. Cézannien dans sa représentation des formes, proche des néo-impressionnistes dans la division de la touche ou des fauves pour l’utilisation du couteau à palette et pour ses couleurs vives, l’artiste a fait une synthèse des innovations picturales de son époque pour aboutir à un art très singulier et personnel. Car Marcel-Lenoir était avant tout un indépendant absolu.

Peintre de chevalet ou de grandes fresques, dessinateur très prolifique, l’artiste s’essaya à la nature morte, se plut à représenter de nombreuses danses peuplées de nus aux formes cylindriques et participa au renouveau de la peinture religieuse au lendemain de la Première Guerre mondiale. Sa personnalité desservit grandement sa fortune critique. Vivant reclus dans une austérité matérielle totale, il adopta une attitude frondeuse face aux institutions officielles et fit toujours fi de toute convention, allant même jusqu’à éclabousser de blanc sa Crucifixion aux Masques en plein Salon d’Automne car il la trouvait mal exposée.

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