Ambroise Duchemin
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Jean-Auguste-Dominique Ingres

1780–1867

Portrait du roi Louis-Philippe, préparatoire à Saint Philippe, pour un vitrail de la chapelle Saint-Louis de Dreux

Mine de plomb, crayon noir, sanguine, grattage, gouache et aquarelle sur papier
330 × 222 mm
Signé en bas à gauche : « Ingres »
Provenance :
Van Marcke, Paris, 29 novembre 1934, lot 9
Paris Montparnasse, Paris, 10 février 2010, lot 75
Hôtel des ventes, Senlis, 7 avril 2013, lot 93
Collection particulière
Publications :
Jacques Foucart, Ingres, les cartons de vitraux des collections du Louvre, 2002, p. 92
Mathieu Deldicque, Nicole Garnier, Ingres, l’artiste et ses princes, 2023, p. 173
Exposition :
Chantilly, Château de Chantilly, Ingres, l’artiste et ses princes, 2023

Ce portrait de Louis-Philippe trouve sa genèse dans l’accident mortel du duc d’Orléans. Grand amateur d'art,
le duc commande son portrait à Jean-Auguste-Dominique Ingres en 1840. Lors des séances de pose, une amitié se noue entre l’artiste et son modèle. La mort du duc dans un accident de calèche en 1842 plonge Ingres dans une profonde tristesse. Sa proximité avec le jeune homme pousse son père, Louis-Philippe, à lui commander des vitraux pour la chapelle commémorative Notre-Dame-de-la-Compassion érigée sur les lieux de l’accident. Ingres s’y emploie en 1842 – 1843. Dans une lettre à Marcotte, il écrit : « Le Roi a dit, il n’y a que Mr. Ingres qui doit faire ce travail, il était l’ami de mon fils et mon fils l’aimait beaucoup ! »1. Lorsque Louis-Philippe décide de réaménager la chapelle Saint-Louis du domaine de Dreux, nécropole de la famille royale où est enterré le duc d’Orléans, le roi commande de nouveaux vitraux à Ingres et lui demande à être représenté en saint Philippe.

Notre dessin est un carton pour le vitrail représentant Louis-Philippe sanctifié. Ingres a d’abord réalisé un grand carton dessiné représentant un saint Philippe anonyme. Puis, il lui a donné le visage de Louis-Philippe. Notre dessin s’insère donc entre la première étude anonyme et le vitrail final à l’effigie du roi. Il fixe les traits de l’homme, une larme à l’œil, quittant son habit de roi pour endosser celui d’apôtre. La technique d’exécution est extrêmement élaborée, mêlant gouache et aquarelle sur des traits de crayon noir et de sanguine, avec quelques grattages. Le degré d’aboutissement très poussé, se concentrant sur le visage, les traits et l’expression du souverain, érige le carton en véritable portrait. En collaborant étroitement avec Louis-Rémy Robert, directeur de la manufacture de Sèvres, qui l’aiguille notamment sur les couleurs à choisir, Ingres participe à l’émergence d’une nouvelle école du vitrail. Une lettre d’Ingres à Robert accompagne notre dessin : « Je voudrais bien avoir le plaisir de vous voir et causer un peu de mes travaux que je compte toujours pousser en avant ». Robert a écrit à côté de la lettre : « Le dessin ci-joint représente St-Philippe sous les traits du Roi et faisait partie
des mêmes vitraux ».

1 Daniel Ternois, Lettres d’Ingres à Marcotte d’Argenteuil, 1999–2001, n° 44
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