Ambroise Duchemin
actualitésœuvrescataloguesà proposcontact
Vendu

Jean-Auguste-Dominique Ingres

1780–1867

Étude d’un couple, nus, debout, préparatoire à L'Âge d'or

Vers 1841–1849
Mine de plomb sur papier
235 x 126 mm
Signé en bas à gauche et sur le papier de montage : “ Ingres ”
Provenance :
Collection particulière

En 1839, alors qu'il termine son séjour en tant que directeur de la Villa Médicis, Jean-Auguste-Dominique Ingres est approché par le duc de Luynes pour décorer 2 parois d'une galerie du premier étage de son château à Dampierre. Ingres opte rapidement pour 2 tableaux monumentaux peints à l'huile, directement sur les murs, dans un format cintré en haut, en hommage aux décors des Chambres du Vatican peints par Raphaël. Le peintre décide de peindre L'Âge d'or et L'Âge de fer, les deux âges mythiques de l'humanité, « comme les anciens poètes l'ont imaginé »1. Hésiode décrit ainsi l'âge d'or dans Les Travaux et les Jours : « D'or fut la race des hommes périssables que les Immortels, habitants de l'Olympe, créèrent la première. En ce temps là, Cronos régnait au ciel : les Hommes vivaient comme des dieux, le coeur libre de soucis, à l'abri des peines et de la misère (…). La terre féconde produisait d'elle-même un fruit abondant et généreux ; et eux, paisibles et tranquilles, administraient leurs domaines et vivaient dans l'opulence ». Un âge de fer chaotique et meurtrier suivit ce temps idyllique, et serait représenté par Ingres sur l'autre mur.

Le seul chantier de L'Âge d'or occupe Ingres près d'une décennie. Il partage ses travaux entre des séjours au château et son atelier parisien, où il trace des dessins d'ensemble à la plume et multiplie les études de figures au crayon ou à la mine de plomb. L'artiste étudie soigneusement chaque personnage en faisant poser des modèles nus, laissant un nombre considérable de feuilles préparatoires (près de 500) au décor. Selon les préceptes académiques et la méthode de travail particulière d'Ingres, il trace d'abord les figures nues afin de maîtriser parfaitement l'articulation de leur corps, puis les drape si nécessaire. Notre étude représentant un couple enlacé, écoutant Astrée, est un projet pour les personnages peints à l'extrême gauche de la composition. 2 autres dessins sur papier calque, représentant ce couple, sont conservés au musée Ingres de Montauban (inv. 867.785 et inv. 867.786). Par l'utilisation du calque, ils découlent vraisemblablement de notre feuille exécutée d'après le modèle. Si notre dessin s'articule autour du mouvement de la femme posant ses bras et sa tête tendrement sur l'épaule de l'homme, les deux calques de Montauban concentrent l'attention du dessinateur sur les jambes des figures. Les études de nus liées à L'Âge d'or sont parmi les dessins les plus appréciés des observateurs pour leur naturel, leur précision et leur élégance. En 1849, après la mort de son épouse, Ingres décide d'abandonner le chantier, laissant L'Âge d'or inachevé et L'Âge de fer à peine commencé – il se limite à un fond d'architecture peint par Auguste Pichon sur les indications d'Ingres. Une huile sur papier marouflée sur panneau, reprenant L'Âge d'or avec des variantes, est peinte par Ingres quelques années plus tard en 1862 (ill. 1) ; demeurée chez lui jusqu'à sa mort, elle est aujourd'hui conservée au Fogg Art Museum de Cambridge. La composition, l'une des plus célèbres et des plus ambitieuses d'Ingres, est ainsi essentiellement connue à travers les dessins laissés par l'artiste.

Demander un renseignement