Ambroise Duchemin
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Vendu

Jean-Auguste-Dominique Ingres

1780–1867

Étude de femme nue, préparatoire à Roger délivrant Angélique

1818–1819
Mine de plomb sur papier

80 x 65 mm

Né à Montauban, Ingres est initié aux arts par son père, puis suit les cours de l’Académie de Toulouse avant d’entrer dans l’atelier de Jacques-Louis David en 1796. Il obtient le Grand Prix de Rome en 1801 avec Les Ambassadeurs d’Agamemnon et part pour la Ville éternelle en 1806. Il reste près de vingt ans en Italie, d’abord à Rome, puis à Florence de 1820 à 1824.Roger délivrant Angélique est peint à Rome entre 1818 et 1819. Le tableau est commandé en 1817, sur intervention du comte de Blacas, ambassadeur de France à Rome, pour décorer la salle du Trône de Versailles, comme dessus de porte en pendant de Renaud et Armide servis par une nymphe de Pierre-Nolasque Bergeret. Exposé au Salon de 1819 aux côtés de La Grande Odalisque, le tableau est accroché au château de Versailles de 1820 à 1823, puis entre au musée du Luxembourg en 1824, avant d’être transféré au musée du Louvre en 1874. C’est la première toile de l’artiste à entrer dans les collections publiques.

Pour satisfaire la commande, Ingres choisit d’illustrer l’un des épisodes les plus célèbres du Roland Furieux de l’Arioste (1532) : Roger délivrant Angélique (Chant X, strophe 92 et suivantes). Le chevalier Roger chevauchant un hippogriffe voyage au-dessus de la Bretagne lorsqu’il aperçoit « la belle Angélique nue sur un rocher ». La jeune princesse avait été enlevée par le peuple des Ébudiens et enchaînée sur un rocher pour être dévorée par l’Orque marin. Le chevalier vient alors secourir la princesse, transperçant la créature de sa lance. L’ambitieuse composition mêlant héroïsme, fantastique et érotisme reçut un accueil glacial de la critique au Salon qui, comme pour La Grande Odalisque, ne comprenait pas les « bizarreries » anatomiques de l’artiste. Malgré cette première réception mitigée, l’œuvre est aujourd’hui considérée comme majeure. L’ambition du travail préparatoire, la portée de l’œuvre sur les générations suivantes d’artistes (notamment chez Gustave Courbet et Edgar Degas), et les nombreuses versions postérieures et répliques exécutées par le peintre attestent de son importance.

Quel statut donner à notre petit dessin ? Étude préparatoire pour la première composition ou dessin de transition vers une version postérieure. L’absence de variantes dans la figure d’Angélique dans les versions ultérieures invite à voir notre feuille comme une étape de la réflexion de l’artiste pour la première composition. Lors de ses recherches initiales, Ingres modifie beaucoup la position des bras et des mains d’Angélique. Les nombreux repentirs visibles sur notre dessin au niveau des bras et l’aspect très esquissé, légèrement indéfini de la pose des mains et des doigts plaident aussi pour une étude préparatoire.

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