Ambroise Duchemin
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Vendu

Henry Fantin-Latour

1836–1904

Étude de ciel

Crayon sur papier
115 x 178 mm
Cachet d'atelier en bas à droite : « Fantin »
Inscription en haut à gauche : « ciel bleuâtre * »
Inscription en bas à droite : « X la lune derrière / 1. dorée 2. rosée 3. gris »

Fils d'un artiste et professeur, Henri Fantin-Latour s'initie au dessin dès son plus jeune âge. Il étudie d'abord à l'École de dessin de Paris, où il côtoie Edgar Degas, Alphonse Legros et Jean-Charles Cazin, puis entre à l'École des beaux-arts en 1854. Invité à Londres par son ami James Whistler, Fantin-Latour se rend en Angleterre en 1859, où ses natures mortes rencontrent un énorme succès. Membre du « groupe de 1863 », puis du cénacle des Batignolles, qui engendrera l'impressionnisme, il fréquente le café Guerbois en compagnie d'Auguste Renoir, Alfred Sisley, Claude Monet et Camille Pissarro, mais ne rejoindra jamais véritablement ce courant. Plus proche du mouvement réaliste porté par Gustave Courbet puis Édouard Manet, Fantin-Latour s'en détache néanmoins pour explorer sa singularité. Comme Manet, il perçoit la tradition et la modernité non pas comme des antinomies, mais comme des extrêmes qu'il faut concilier, pour composer un art intemporel. Bien qu'il reconnaisse que l'activité artistique officielle ne correspond plus depuis longtemps aux exigences de son temps, il n'a de cesse de se présenter devant les jurys du Salon et accepte les distinctions publiques. Connu pour ses natures mortes, l'artiste s'impose également comme un portraitiste original. L'atmosphère contemplative et silencieuse que l'on retrouve dans ses portraits, domine aussi ses représentations de sujets mythologiques et religieux souvent inspirés par Eugène Delacroix, qu'il vénère.

Dessinateur prolifique, Fantin-Latour accompagne certaines de ses études sur papier d'annotations qui les complètent et les commentent (ill. 1). Les dessins de compositions témoignent du processus créatif de l'artiste. Les annotations, comme sur notre feuille, instruisent sur la manière dont il organise les rapports de valeurs, du plus clair au plus sombre, et conçoit chaque élément comme partie d'un tout. Le peintre, dont la couleur s'exprime en contrastes lumineux, numérote les zones et leur associe une teinte : « la lune derrière / 1. dorée / 2. rosée / 3. gris ». L'approche méthodique de l'artiste anticipe ainsi les théories de la couleur développées par les néo-impressionnistes. Nous retrouvons une « reconstruction chromatique » du schéma semblable à notre étude de ciel dans le tableau la Naissance de Vénus (ill. 2) : un « ciel bleuâtre », empreint d'un mélange de touches dorées, rosées et grises, atténue poétiquement la lumière lunaire. Ce procédé évoque le chromatisme des maîtres vénitiens et d'Antoine Watteau, admirés par Fantin-Latour, et participe à la création d'une atmosphère douce et enveloppante, idéale pour la représentation de la déesse de la beauté.

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iII. 2
Naissance de Vénus

1902
Huile sur toile
68,1 x 83,8 cm
Collection particulière