Ambroise Duchemin
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Vendu

Henri Le Sidaner

1862–1939

Le Soir à Gerberoy

Vers 1901–1904
Fusain et crayons de couleurs sur papier
324 x 434 mm
Signé et dédicacé (en bas à gauche) : « à Ch. H. Hirsch / Le Sidaner »
Provenance :
Collection Charles Hirsch (1870 - 1948)
Collection Eric Ledoux
Fraysse et Associés, Paris, 2 mars 2011, lot 119
Collection particulière
Exposition :
Paris, Palais Galliera, Rétrospective Henri Le Sidaner, 1948, n°89
Publication :
Farinaux-Le Sidaner, Le Sidaner, paysages intimes, 2013, p. 208

Henri Le Sidaner se forme à l'École des beaux-arts de Paris et dans l'atelier d'Alexandre Cabanel. En 1892, une bourse lui permet de voyager en Italie et en Hollande. De retour à Paris en 1894, il fait la connaissance d'artistes proches du symbolisme, tels que Camille Mauclair, Emile Verhaeren et Georges Rodenbach. Entre 1895 et 1897, Le Sidaner s'intéresse à la lumière : il se rend certains soirs, accompagné de Camille Mauclair, sur les bords de Seine et tente de reproduire les effets du crépuscule dans une facture impressionniste. Il emploie une touche divisée, proche de celle d'Henri Martin et s'inspire des thèmes oniriques de Pierre Puvis de Chavannes.

Dans les premiers jours du printemps 1901, le peintre découvre Gerberoy, petite cité médiévale située à une vingtaine de kilomètres au nord-ouest de Beauvais. Il y loue, et remet en état, une maison en contrebas de l'église, dans laquelle il accueille ses amis peintres et écrivains, dont l'auteur Charles-Henri Hirsch, dédicataire de notre dessin. Chroniqueur au Mercure de France, auteur de contes et de romans mettant en scène la bourgeoisie de province, Hirsch se lie au milieu des années 1890 avec Le Sidaner, qui exécute son portrait en 1899. L'écrivain, marqué par l'atmosphère du lieu, place l'intrigue de sa nouvelle Le Capitaine Bapaume à Gerberoy et dédicace son texte au peintre. Notre dessin fut sans doute offert par Le Sidaner à Hirsch à l'occasion d'une visite de ce dernier à Gerberoy.

À partir de 1900, Le Sidaner se consacre à une peinture intimiste excluant la figure humaine, dans une technique néo-impressionniste. Gerberoy - désertée à cause de l'exode rurale - constitue un décor parfait. Il réalise plusieurs vues nocturnes de la rue principale, des places et des ruelles pavées bordées de maisons anciennes dont les colombages et briques rappellent les traditions normandes et picardes. Notre fusain s'inscrit dans une série d'oeuvres réalisées entre 1901 et 1904, intitulées Le Portail, dans lesquelles on aperçoit la maison voisine, à la tombée de la nuit ou au clair de lune. Notre fusain se distingue cependant des oeuvres peintes de la série par la présence d'une jeune femme à proximité du portail. Seule, la tête baissée et les mains jointes, dans une attitude recueillie, elle se dresse comme une apparition au milieu de la ruelle déserte. Le Sidaner renforce l'atmosphère irréelle et onirique de notre dessin, en faisant surgir les formes par l'imbrication des effets d'ombres et de lumière, sans avoir recours à la ligne.

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