Ce dessin, inédit, figure parmi les oeuvres graphiques de Gustave Courbet du début des années 1870. Par son format, son sujet et sa technique, il s'apparente en particulier à un groupe de feuilles dessinées dans un carnet du peintre conservé au musée du Louvre (inv. RF 29235). Notre feuille, extraite d'un carnet - le verso a absorbé du fusain et présente les marques d'un autre dessin ayant frotté - , affiche un format similaire aux feuillets du carnet du Louvre : ceux du Louvre mesurent 165 x 265 mm, notre dessin 160 x 240 mm. Les bords ont certainement été retaillés par souci esthétique – immédiatement après l'extraction ou en vue d'un encadrement postérieur. Parmi les 12 feuilles dessinées du carnet du Louvre – sur un total de 47 feuillets numérotés, 35 sont vierges –, 3 présentent des affinités iconographiques substantielles avec notre dessin. Peut-être réalisés lors de la période d'incarcération de Courbet (1871), 9 dessins dépeignent des scènes de la Commune1. Outre ces témoignages d'évènements historiques auxquels Courbet prit une part active, le carnet contient 3 autres dessins aux sujets plus énigmatiques : des scènes champêtres, vraisemblablement tracées de mémoire. Ces 3 feuilles, représentant Deux enfants et une femme allaitant sous un arbre (f°9R), une Bergère et ses chèvres dans un boqueteau (f°45V, ill. 1) et des Hommes chevauchant des taureaux et une femme implorante (f°46V, ill. 2), concordent parfaitement avec l'esprit de notre composition Femmes et fillettes dans un paysage champêtre. Le traitement en largeur, le sujet de genre montrant quelques figures dans un paysage boisé et la frivolité des scènes relèvent de la même matrice. La technique, enfin, est rigoureusement identique à celle des dessins du carnet du Louvre : même canon, même proportions des figures, même traitement du paysage, même lumière à l'estompe et même dédoublement irrégulier des lignes pour tracer le contour des personnages.
Un autre dessin, Les Fédérés à la conciergerie (Metropolitan Museum of Art – MET -, New York), également détaché d'un carnet de l'artiste, s'apparente - par son format, son style et sa thématique - aux dessins du Louvre et à celui présenté ici. La signature, le titre et la date, visibles sur le dessin du MET, ont été apposés ultérieurement à la plume, confortant la théorie de quelques dessins, à l'instar du nôtre, sélectionnés et prélevés de carnet(s) par Courbet lui-même.
