« Eugène Fromentin (1820 – 1876) est un grand peintre qui fut, la plume à la main, un artiste aussi délicat que lorsqu’il maniait le pinceau » (John Grand-Carteret). Artiste éclectique, Fromentin est célèbre pour son roman Dominique (1862) autant que pour ses tableaux orientalistes, en particulier ses représentations équines.
Élève des peintres Charles-Joseph Rémond et Louis Cabat, il découvre l’orientalisme de Prosper Marilhat au Salon de 1844. Fasciné par la modernité de cet univers exotique, il décide en 1846 de se rendre en Algérie.
Il expose l’année suivante ses premières toiles au Salon. Il fera ensuite deux autres voyages en Algérie et un en Égypte pour l’inauguration du canal de Suez en 1859.
Passionné par les chevaux, Fromentin fait partie des grands peintres équestres du 19e siècle aux côtés de Théodore Géricault ou Eugène Delacroix. Hybridation du cavalier et de sa monture, le centaure est l’objet de plusieurs toiles à la fin des années 1860. En traitant ce thème mythologique avec poésie et onirisme, l’artiste se rapproche de l’univers de Gustave Moreau dont il était l’intime. Notre grande et belle feuille est une étude préparatoire, avec variantes, pour la centauresse située au second plan à gauche du tableau Centaures, peint en 1868 et conservé au musée du Petit Palais à Paris.
De formation académique, Fromentin préparait ses toiles suivant plusieurs étapes dessinées. Son trait assez synthétique et anguleux s’attache d’abord à définir la structure des compositions et des figures. Puis, il s’attarde sur les détails, les poses, les expressions dans des études de figures isolées, comme dans notre dessin.
L’emploi, sur notre feuille, des trois crayons dénote l’ambition et le degré de finition de l’étude, constituant l’un des plus beaux exemples du corpus graphique de l’artiste.