Ambroise Duchemin
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Eugène Delacroix

1798–1863

Grec, assis sur un divan, tenant un narghilé

Crayon, aquarelle et gouache sur papier
128 × 128 mm
Signé à la plume et à l'encre, en bas à droite (renforcement postérieur à la mine de plomb) : « Eug. Delacroix »

Le modèle porte le costume des Souliotes, un groupe de chrétiens orthodoxes albanais qui s’opposa farouchement aux Turcs lors de la guerre d'indépendance grecque. Le poète britannique, Lord Byron, qui les employait comme gardes du corps personnels, posa dans leur habit traditionnel pour son célèbre portrait de 1813 par Thomas Phillips (Ambassade britannique, Grèce). Eugène Delacroix vit certainement l'une des nombreuses versions du portrait à Londres dans l’atelier de Phillips qu'il visita au cours de l'été 1825 avec Richard Parkes Bonington. Une gravure d'après le tableau de Phillips figurait dans l'une des ventes d'atelier posthumes de Bonington1.

À la fin de l'année 1825, un réfugié grec, le comte Demetrius de Palatiano – figure quasi byronienne –, posa dans l'atelier londonien de Delacroix en Souliote – la tenue fut vraisemblablement prêtée à Delacroix par l'artiste Jules Robert Auguste. Plusieurs artistes du cercle de Delacroix étaient présents : Bonington, Auguste mais aussi Alexandre-Marie Colin et Paul Huet qui réalisèrent des esquisses à la mine de plomb et des études à l'huile du grec. Delacroix exposa un portrait de Palatiano costumé au Salon de 1827 (Galerie nationale, Prague). Colin et Delacroix ont utilisé ces études de costumes dans des compositions byroniennes et philhellènes, tandis que Bonington en a revêtu les personnages secondaires de ses peintures vénitiennes ultérieures.

Les études de costumes de la séance de pose avec Palatiano se trouvent à la fin d'un carnet de croquis que Delacroix utilisa d’abord à Londres2. Les études à l'huile conservées au Louvre d'un modèle posant en costume souliote datent probablement de la même période3.
L’aquarelle présentée ici est l'un des nombreux sujets apparentés exécutés par Delacroix entre la venue de Palatino en 1825 et l'exposition philhelléniste organisée par la Galerie Lebrun à l’été-automne 18264. Une œuvre étroitement comparable, tant par son sujet que par sa technique, est conservée au Louvre : une aquarelle d’un Oriental, assis sur un divan, tenant un narghilé, que Maurice Sérullaz date d'environ 1824–18255 (ill. 1). Mais le mélange sophistiqué d'aquarelle, de gouache et de gomme arabique dans les deux exemples suggère plutôt l'influence de Bonington, qui travaillait dans l'atelier de Delacroix au printemps 18266.

Patrick Noon

1 Christie and Manson, Londres, 23 – 24 mai 1834, lot 3
2 Maurice Serullaz, Inventaire général des Dessins, École française : Dessins d'Eugène Delacroix, 1798 – 1863, Tome II, Paris, 1984, « Album d’Angleterre », n° 1751
3 Lee Johnson, The Paintings of Eugène Delacroix, A Critical Catalogue, Volume 1, Oxford, 1981, n° 30-31
4 Un superbe exemple de deux grecs fumant est passé en vente chez Christie’s, Londres, 2 juillet 2013, lot 90 ($302,830)
5 Serullaz, Inventaire Général, Tome II, n° 1503
6 Voir par exemple, Le Turc au repos et L’Odalisque jaune, tous deux datés 1826 et conservés à la Wallace Collection à Londres
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