Ambroise Duchemin
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Vendu

Pompeo Batoni

1708–1787

Étude de jambes et études de bras, préparatoires à La Chute de Simon le Magicien (recto) Étude de draperie, préparatoire au Choix d’Hercule (verso)

Vers 1746–1748
Sanguine et rehauts de craie blanche sur papier
295 x 204 mm

Pompeo Batoni est né à Lucques en 1708. Fils d’un orfèvre, il s’adonne très jeune au dessin en utilisant les outils de son père. Malgré sa vocation de peintre, son père souhaite l’impliquer dans l’entreprise familiale, dans laquelle il excelle grâce à ses qualités innées de dessinateur. En 1727, il peut enfin se rendre à Rome grâce à une pension versée par son grand-père. Dans la Ville éternelle, il dessine d’après l’Antique de nombreux dessins pour parfaire sa formation dont le commerce lui permet de subsister. Au début des années 1730, il réalise plusieurs copies d’après les maîtres anciens. Il reçoit alors ses premières commandes de tableaux d’églises, notamment une Présentation du Christ au Temple en 1735 pour l’Église Sainte-Marie-de-la-Paix à Brescia. Dans la seconde moitié des années 1730, il rencontre le succès, qui ne le quittera plus. Batoni est en effet, avec Anton Raphael Mengs, la figure majeure de la scène artistique romaine du milieu du XVIIIe siècle. Peintre de sujets religieux et profanes, sa notoriété tient aussi en grande partie à son talent de portraitiste. Sa renommée internationale lui permet d’obtenir des commandes de portraits de toute l’aristocratie britannique, les modèles de passage à Rome pour leur « Grand Tour » voulant rapporter un souvenir de leur voyage. Il place alors ses sujets dans des décors faisant référence à la Ville Éternelle et insère dans ses toiles des monuments ou des objets faisant référence à l’Antiquité.

Outre ses qualités de peintre, Batoni est également un excellent et prolifique dessinateur. Il prépare ses compositions à l’aide de nombreux dessins, étudiant le moindre détail, le moindre geste, la moindre pose devant figurer dans ses tableaux. Il utilise exclusivement la sanguine et la pierre noire, souvent rehaussées de blanc sur des papiers préparés ou teintés de lavis. Notre feuille double face illustre parfaitement le travail de réflexion de Batoni, préalable à l’élaboration de ses grandes compositions.

Au recto, une étude de jambes et deux études de bras drapés en travers de la feuille sont préparatoires à La Chute de Simon le Magicien (ill).

En 1746, la Congrégation de la Fabrique de Saint-Pierre, responsable de l’entretien et de la gestion de la basilique du Vatican, passe à Batoni la commande la plus prestigieuse de sa carrière : un tableau d’hôtel pour Saint-Pierre de Rome. La grande toile doit alors remplacer le tableau de même sujet peint par Francesco Vanni en 1603. L’épisode représenté se déroule à Rome au Ier siècle. Simon le Magicien, prétendant être le fils de Dieu, aurait séduit la foule en s’envolant dans le ciel avant que saint Pierre n’invoque le nom de Jésus et provoque sa chute. Le chantier du tableau occupe l’artiste pendant neuf années. Il réalise de nombreux dessins, surtout des études d’expressions faciales, de gestes et d’attitudes raffinées. Notre sanguine prépare les jambes de la figure centrale du tableau pour laquelle Batoni s’est inspiré d’une figure peinte en 1669 par Salvator Rosa, en bas à droite de son Martyre de saint Côme et saint Damien (ill. 2), accroché dans l’église romaine Saint-Jean-Baptiste des Florentins. En travers de la feuille, l’artiste trace deux études pour les bras de la femme soutenant l’enfant, positionnée sous la figure plongeante. En 1755, la commande terminée est exposée à Saint-Pierre mais, en 1757, le tableau est brutalement décroché et transféré à la Basilique Sainte-Marie-des-Anges-et-des-Martyrs.

La draperie au verso du dessin prépare quant à elle, la figure de gauche d’un tableau représentant Le Choix d’Hercule, commandé avec son pendant Vénus demandant des armes à Vulcain pour Énée, par le prince Joseph Wenzel du Liechtenstein pour son palais à Vienne où ils sont toujours conservés. Exécutée en 1748, la toile représente Hercule hésitant entre le Vice et la Vertu, personnifiés par deux femmes prenant ici les allures de deux divinités : Vénus et Minerve. À droite, Vénus, déesse de l’amour, l’appelle à suivre le chemin facile, celui des plaisirs de la vie et du Vice ; alors qu’à gauche, Minerve, déesse de la sagesse l’incite à choisir la voie difficile, celle des obstacles mais de la gloire et de la Vertu. Le sujet du Choix d’Hercule fut traité plusieurs fois par l’artiste au cours de sa carrière, le thème de la Vertu triomphant du Vice en accord avec le néo-classicisme naissant trouvant écho dans la société romaine de l’époque.

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