Ambroise Duchemin
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Édouard Vuillard

1868–1940

Pierre Bonnard de profil

Vers 1891
Pastel et fusain sur papier
26,3 x 18,4 cm
Cachet d’atelier en bas à gauche : « E. V. » (L.909 c)
Provenance :
Succession de l’artiste
Richard Feigen & Co., New York
Jill Newhouse Gallery, New York
Artcurial, Paris, Art Moderne, 30 juin 2003, lot 45
Collection particulière

Qualifiée d’ « amitié fraternelle », la relation entre Édouard Vuillard et Pierre Bonnard est un compagnonnage artistique clé de l’histoire de l’art de la fin du 19e siècle. Les deux peintres se rencontrent à l’École des beaux-arts de Paris avant de suivre ensemble les cours de l’Académie Julian où ils côtoient Maurice Denis, Paul Ranson, Ker Xavier Roussel et Paul Sérusier. Ce groupe d’artistes forme le groupe des nabis, constitué à partir de 1888 autour de Sérusier, qui rapporte de Bretagne un tableau exécuté sous la direction de Paul Gauguin : le Paysage du Bois d’Amour, rebaptisé le Talisman par le groupe. Les nabis souhaitent faire table rase du passé et se débarrasser de l’encombrant héritage des styles historiques, ressassés et remixés tout au long du 19e siècle. Ils se présentent comme une insurrection permanente contre l’inculture de l’Académie, une libération au nom de la coalescence des arts. Bonnard et Vuillard sont rapidement d’éminents membres de ce groupe. Bonnard – qui est fasciné par l’abandon de la perspective et le cloisonnement des couleurs de l’estampe japonaise qu’il découvre en 1890 – est surnommé le « nabi japonard ». Vuillard est appelé, lui, le nabi « zouave » à cause de sa barbe rousse.
En 1890, Vuillard crée ses premières œuvres synthétistes, peintes avec du jaune strident, du bleu canard, et un orange des plus aigus. Cette même année, il confie à son journal : « Plus les éléments sont purs, plus l’œuvre est pure ; plus les peintres sont mystiques, plus les couleurs sont vives (rouges, bleues, jaunes) ; plus les peintres sont matérialistes, plus ils emploient des couleurs sombres (terre, ocre, noir bitume) ».

Notre pastel témoigne de l’amitié des deux peintres et de l’émulation artistique qui les lie. Dessiné avec une extrême économie de moyens, il réunit plusieurs caractéristiques formelles des deux artistes – travail sur l’ombre, aplats de couleurs, japonisme. La feuille date de 1891, année au cours de laquelle les deux peintres partagent, avec les critiques Lugné-Poe et Georges Roussel, un atelier au 28 rue Pigalle. Un autre portrait par Vuillard de Bonnard peignant est vraisemblablement réalisé à quelques jours d’intervalle. 1891 est également l’année de la première exposition du groupe des nabis au Château de Saint-Germain-en-Laye – un moment charnière du mouvement, de la carrière des deux artistes et de la peinture moderne.

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