Ambroise Duchemin
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Charles-Marie Dulac

1866–1898

La Terrasse de Vézelay, étude pour Le Vent

Vers 1892–1894
Fusain sur papier
325 x 342 mm
Inscription en bas à droite : « La terrasse de Vézelay (état actuel) »
Provenance :
Collection Jacques Doucet (1853 - 1929), inv. 812

Charles-Marie Dulac se forme chez un fabricant de papiers peints, puis chez Jean-Baptiste Lavastre et Adrien Karbowsky, peintres décorateurs. Il fréquente pendant une courte période les ateliers de Ferdinand Humbert, d'Alfred Roll et de Henri Gervex. Ses premières oeuvres, d'inspiration classique, annoncent déjà une sensibilité propre, et il obtient ses premiers succès au Salon de 1889. Aux alentours de 1890, le peintre s'intoxique gravement en manipulant d'importantes quantités de céruse. Se sachant condamné, il accueille ce mal comme une grâce et se convertit au catholicisme. Il mène alors une vie d'ascète, qui révolutionne sa vocation d'artiste. Délaissant l'iconographie chrétienne traditionnelle et la figure humaine, il se consacre presque exclusivement au paysage, pour mieux retranscrire « l'âme de la nature ».

Fidèle à ce nouvel idéal, Dulac inaugure une existence de peintre nomade, seul le spectacle de la nature étant en mesure de lui inspirer d'importantes révélations spirituelles. Il signe désormais « Marie Charles Dulac » accolé d'une croix. Il exécute de nombreuses vues d'églises en France, dans le Nord, en Bretagne, chez les Bénédictins de la Pierre-qui-Vire et de Saint-Wandrille, et à Villeneuve-Lès-Avignon chez les soeurs du Sacré-Coeur. Il visite trois fois l'Italie entre 1895 et 1898. Dulac, qui s'est affilié au Tiers ordre de saint François, suit les pas de ce dernier à Ravenne, Florence, Rome, Assise et Fiesole. Le peintre passe ainsi des jours sereins dans les sanctuaires, où il regarde les fresques des primitifs italiens, tels que Giotto ou Fra Angelico.

Dulac exécute plusieurs suites lithographiques : Paysages publiés en 1892 - 1893, et le Cantique des Créatures de saint François d'Assise, publié en 1894. On y trouve souvent des arbres seuls aux prises avec les éléments, comme dans notre dessin qu'on peut notamment rapprocher de la lithographie Le Vent (ill. 1), également localisée à " La terrasse de Vézelay " - un couvent franciscain en Bourgogne où Dulac séjournait régulièrement. Au cours de ses différents voyages, Dulac exécute un grand nombre d'études sur le motif, au crayon, à l'huile ou au pastel. Ces fragments de nature saisis sur le vif, lui donnent l'inspiration pour l'élaboration de tableaux achevés ou des lithographies qui sont des paysages mystiques d'une grande pureté, traités dans l'esprit symboliste. Son décès, qui survient à Paris en 1898, alors qu'il s'apprêtait à fonder une importante communauté monastique d'artistes à Ligugé, suscite une grande émotion dans son entourage : « nous avons enterré celui qui était l'incontestable espoir de la peinture mystique de notre temps1 ». Ses amis, parmi lesquels figurent Maurice Denis, Henri Lerolle, Roger Marx, Eugène Carrière et Joris-Karl Huysmans, organisent une rétrospective posthume de son oeuvre à la galerie Ambroise Vollard en 1899.

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