Ambroise Duchemin
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Vendu

Joseph Granié

1861–1915

Autoportrait

1897
Mine de plomb, gouache blanche, crayon de couleur rouge et rehauts d’or sur papier
198 x 155 mm
Signé, daté et localisé en bas à gauche : « Granié / Avril – 97 - Paris »

Fils d’un tapissier de Toulouse, Joseph Granié se forme dans l’atelier de Jules Garipuy à l’École des beaux-arts municipale. Il est l’élève de Jean-Léon Gérôme aux beaux-arts de Paris, et expose dans les Salons officiels à partir de 1879. Sous l’impulsion de Félix Ziem, il réalise également des enluminures sur vélin dans des tons rares et précieux pour illustrer plusieurs ouvrages de miniatures.

Granié est surtout connu pour ses portraits féminins, teintés de symbolisme, qui se distinguent par leur indéniable suavité et leur sensualité inquiète. Ils révèlent un souci du dessin exact et un goût pour le mystère. On recense un nombre important de portraits au crayon de graphite, sur papier légèrement gris et rehaussés d’un peu de gouache, aux lignes sobres et élégantes. Ce sont généralement des portraits de femmes aux traits idéalisés et aux chevelures dénouées ou ramenées sur le sommet de la tête, frisées ou bouclées.

Les portraits peints de l’artiste témoignent d’une influence des maîtres de la Renaissance allemands et français. C’est le cas du Portrait d’Yvette Guilbert (Paris, musée d’Orsay), chanteuse française du café concert, dont le fond du panneau de bois est revêtu d’une couche d’or. On retrouve dans ce tableau d’une grande préciosité, la perfection de la matière de Lucas Cranach, d’Hans Holbein et d’Albrecht Dürer. Dans le Portrait de Marguerite Moreno (Paris, musée d’Orsay), actrice de théâtre et égérie du symbolisme, on est frappé par la délicatesse des mains aux doigts effilés. Dans cette œuvre simple et émouvante, Granié privilégie des lignes sobres et une sécheresse d’exécution. Le critique Louis Lacroix, qui loue son talent de dessinateur et sa technique particulière, le présente comme « le disciple attardé de Clouet et des grands dessinateurs français du 16e siècle ». Ces portraits ne peuvent cependant pas être assimilés à de simples pastiches, mais reflètent la capacité d’observation et le style très personnel de l’artiste.

Dans notre dessin, au réalisme quasi photographique, tracé sur papier bleu à l’aide de rehauts de gouache, Granié fait preuve de toute sa maîtrise technique pour se représenter de trois-quarts, un rictus au coin de la lèvre et avec un regard perçant dans lequel l’artiste a ajouté des touches d’or pour en renforcer l’intensité. En se montrant fier et rieur, portant la Légion d’Honneur fraîchement acquise, Granié fait preuve d'orgueil, d’audace et d’humour dans ce génial Autoportrait.

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