Originaire de Nevers, Auguste Matisse fait ses premières gammes à l’École des beaux-arts de Dijon avant d’entrer dans l’atelier de Léon Bonnat aux Beaux-Arts de Paris. En 1895, il devient membre de la Société des artistes français et participe au Salon, puis au Salon d’Automne. Dans les dernières années du 19e siècle, il s’installe sur l’île de Bréhat. Il y vit frugalement dans une petite maison aux côtés des pêcheurs et marins locaux.
Fasciné par la mer, il la peint inlassablement avec une attention particulière portée aux mouvements des vagues. « Les peintres de marines sont presque toujours des peintres de rivages ; celui-ci est un peintre de pleine mer. La mer a pour lui trois dimensions : il est habitué à la voir en transparence sous lui et aussi à voir une crête de lame au-dessus de sa tête, à considérer l’horizon non comme une droite ininterrompue, mais comme une ligne continuellement coupée par les vagues qui la dépassent » (Roger de Félice, Art et décoration, avril 1920).
Comme dans notre tableau, il les représente avec des cadrages serrés, dans des compositions presque cloisonnistes, inspirées de l’estampe japonaise et marquées par son expérience de peintre sur vitraux. La vague, rendue avec une matière épaisse et une touche énergique, se détache d’un fond plus neutre. L’artiste contraste les plans mais conserve l’harmonie d’ensemble.