Ambroise Duchemin
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Vendu

Félicien Rops

1833–1898

Au salon

Pastel
Mine de plomb
Crayons de couleur
Aquarelle et gouache sur traits gravés à l’eau forte sur papier
106x 156 mm
Monogramme incisé à la pointe b.d. : F.R.
Provenance :
Collection du peintre Henri Duhem (1860–1941)

Né à Namur en 1833, Félicien Rops commence sa formation artistique à l’Ecole des Beaux-Arts de sa ville natale, puis étudie le droit à l’Université de Bruxelles où il suit en parallèle les cours de l’Académie de Saint-Luc.

En 1856, il fonde avec l’écrivain Charles de Coster l’hebdomadaire satirique Uylenspiegel, Journal des ébats artistiques et littéraires, qu’il illustre avec brio. Ses caricatures et scènes humoristiques sont très vite appréciées, lui permettant de démarrer une brillante carrière. Il illustre plusieurs romans qui influencent parfois le choix de ses sujets, mais la plupart de ses œuvres sont issues de sa formidable imagination. Passionné de fantastique et de surnaturel, il emprunte beaucoup au répertoire symboliste. Son approche est singulière et profondément macabre : le squelette, le diable, la mort et nombre d’autres créatures maléfiques sont omniprésents dans son art. En ce sens, sa rencontre avec Charles Baudelaire à Paris est déterminante. La connexion entre l’artiste et l’écrivain est immédiate, Rops adhérant totalement à la conception baudelairienne de la femme et de la chute.

En 1874, Rops s’installe définitivement à Paris. Il y vit dans un ménage à trois avec les sœurs Duluc après avoir quitté sa première femme, et noue de nombreuses liaisons amoureuses. Véritable provocateur, Rops aime choquer tant par son mode de vie libertin que par son art. À Paris, il consacre toute son activité à la gravure et à l’illustration, n’abandonnant pourtant jamais totalement la peinture. Il illustre des poèmes symbolistes de Péladan, Mallarmé, Barbey d’Aurevilly et surtout de Baudelaire ; ainsi que de nombreux romans.

Rops rejette l’ordre social et les normes de son temps. Cette répulsion l’amène à fréquenter les bas-fonds de la vie parisienne : danseurs de cabarets, saltimbanques et prostituées. Il se définit à la marge de la société et aime représenter ceux qui s’y trouvent comme lui. Cet univers qu’il associe à la modernité lui inspire plusieurs de ses chefs d’œuvres. Notre femme au Salon s’intègre dans cette atmosphère des maisons closes parisiennes. Rops représente le modèle se cachant le sein avec un éventail dans une attitude s’approchant plus de l’invite que de la pudeur.

La période allant de 1878 au début des années 1880 dans laquelle s’inscrit notre feuille est la plus féconde de la carrière de l’artiste. Il réalise entre autres la Tentation de Saint-Antoine et la sulfureuse Pornokratès. Cette époque n’est pas seulement celle de l’inspiration, c’est aussi un moment d’aboutissement technique. Rops commence alors à utiliser une technique mixte avec des crayons de couleurs et du pastel non fixé sur une préparation à l’aquarelle qui lui permet d’atteindre le sommet de son art. Notre œuvre s’inscrit parfaitement dans cette période d’expérimentations. Rops base sa composition sur une eau-forte de son invention et crée par-dessus une œuvre originale au pastel et à l’aquarelle.

Notre œuvre a appartenu au peintre Henri Duhem (1860–1941). Compagnon des artistes néo-impressionnistes et critique d’art, il fut, comme Gustave Caillebotte en son temps, un collectionneur passionné. Il acquit des œuvres de ses contemporains et de leurs proches prédécesseurs : Eugène Boudin, Camille Corot, Paul Gauguin, Claude Monet, Camille Pissarro et Auguste Rodin, entre autres. Sa collection fut léguée par sa fille à l’Académie des Beaux-Arts en 1985. Elle est aujourd’hui conservée au Musée Marmottan.

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