Né à Livourne, Amedeo Modigliani se forme d’abord à l’École des beaux-arts de sa ville natale. Il arrive à Paris en 1906 et prend part à la vie artistique et à la bohème, côtoyant à Montmartre les artistes d’avant-garde - Pablo Picasso, Juan Gris, André Derain, Guillaume Apollinaire ou Max Jacob. Dans la capitale française, Modigliani poursuit son apprentissage et fréquente les cours de l’Académie Colarossi, puis de l’Académie Ranson.
Notre Étude de nu est extraite d’un carnet compilant des dessins réalisés par Modigliani lors de son arrivée à Paris vers 1906 – 1907. Comme l’indique l’inscription manuscrite « Ce que je cherche… » sur une page isolée à la fin de l’album, les feuillets témoignent des recherches et préoccupations du jeune artiste. On y trouve quelques dessins liés au cirque, univers qui le fascine déjà, quelques portraits croqués, dont un autoportrait, mais surtout de nombreuses études de nus féminins. Certaines poses sont reprises jusqu’à dix fois dans le carnet. Notre Étude de nu féminin de dos, le visage légèrement tourné dans une attitude suggestive et poétique fait figure d’unicum. La ligne droite et anguleuse est parfaitement maîtrisée dans une synthèse qui annonce déjà toute la beauté des futurs dessins de l’artiste.
Le carnet dont est issu notre dessin a d’abord appartenu au docteur Paul Alexandre, grand ami et mécène de l’artiste rencontré en 1907 alors qu’Alexandre termine son internat à l’hôpital Lariboisière. Entre les deux hommes, s’instaurent immédiatement une amitié et une complicité qui dureront jusqu’en août 1914, lorsque le jeune médecin est mobilisé et part sur le front. Pendant ces sept années, Alexandre devient le mécène de Modigliani et son unique acheteur, mettant le peintre à l’abri du besoin. Exceptionnelle par sa qualité, sa taille et son exhaustivité, la collection Alexandre présente tous les pans des premières années de Modigliani, dont ses premières recherches, plus rares et moins commentées que les œuvres réalisées à partir de 1909 qui ont fait sa gloire. Le carnet fut désassemblé en dessins individuels par la Galerie Schmit dans les années 1990.